Oui.
Il y a des choses beaucoup plus
importantes, comme le Mali, les victimes de violences sexuelles en
Inde, les sans-abris, la crise et j'en passe. Oui.Il y a plus
important et ce n'est pas la grande priorité dans ce pays où
tout fout le camps.Et oui.Peut être que ce n'est qu"une technique
médiatique" pour nous détourner des vrais questions.
Oui, mais il n'en reste pas moins que
derrière ce combat, il y a des gens.
Derrière ces gens, il y a de
l'amour.
L'amour avec un grand A. Et il y a surtout derrière tout ça
un rapport avec une devise, nationale même,un principe qui
s'élève au-dessus de tout ça, le fondement de notre patrie: l'égalité.
"Tout homme né égaux en droit".
Alors oui, c'est important d'en parler,
même si ce n'est pas le bon moment, même si ça dérange.Il faut
exorciser toutes ces souffrances, foncer dans le tas et faire
évoluer les mentalités parce que oui, mesdames et messsieurs , un
jour vous pourriez avoir un enfant, un petit-enfant, un cousin, un
neveu , un proche, un ami qui se découvre HOMOSEXUEL.
Pour eux, pour tous ceux qui
subissent tout ça , de près ou de loin, ceux déjà là ou à
venir, il est temps de lutter contre ses préjugés destructeurs.
Oui, ce "genre d'individu" qui "répugne"
tant de monde parce qu'il symbolise l'inconnu, la déviance, la
perversité et tant d'autres choses ignobles qu'on a entendu et qu'ils se prennent en
pleine tronche depuis des semaines. Imaginez que votre enfant se
découvre une sexualité "différente"...
Marginale....?!
Non. Non car partagé par près de 150
000 couples homosexuels en France *.Pas moins que ça.
L'homosexualité est considérée comme
une façon différente de s'aimer car elle ne ressemble pas à la
"norme". Elle est
donc rejetée spontanément. Combien de personnes s'insurgeront
contre le mariage homosexuel avec une moue dédaigneuse évoquant
l'aspect "non naturel " ou en disant "beurkkk", "quel horreur", sans aucun
argument, sans aucune réfléxion même infime?
Nous parlons d'être humains, qui pensent, vivent , ressentent et qu'on juge sur leur intimité. Est-il normal et
acceptable qu'à notre époque, nous nous heurtions encore à ce
genre de raisonnement primaire? A l'heure où les divorcent fusent,
les familles mono-parentales se multiplient, le rôle des parents
changent au sein même de la famille, peut-on encore de nos jours se
prôner "symbole de la famille et de l'équilibre de
l'enfant"?
Combien d'enfants peuvent prétendre avoir
grandit dans une famille idéale ? Combien d'entre ceux qui jugent
les homosexuels, en connaissent ? Combien savent sur quoi est fondé
leur lien, leur équilibre pour oser les blâmer, les juger, les considérer
inaptes à devenir parents ou à considérer leur union indigne d'une
cérémonie de mariage ?
Les adolescents homosexuels ont 5 fois
plus de chance de se suicider qu'un adolescent normal. Pas moins que ça. Allons-nous
continuer à engendrer cette haine, à faire grandir ce tabou qui
enferme ses personnes dans la honte et un sentiment d'humiliation
insurmontable face à l'incompréhension, au rejet et à la vision dévastatrice dont elles sont victimes ?
Est-ce qu'en tant que parent et individu nous pouvons supporter de
risquer qu'une personne soit rejetée et jugée sur cet aspect si
intime?
Parce qu'il s'agit bien de sexualité.
Voilà pourquoi le
sujet choque.Voilà pourquoi il enflamme l'opinion. Pourquoi on entonne des commentaires désobligeants. Parce que chaque
personne s'imagine l'acte sexuel entre deux personnes du même sexe et
le juge ignoble, non conforme. Inesthétique, on a même entendu !
Mais qui êtes-vous pour juger une personne sur ses pratiques
sexuelles? Est-ce que nous ne trouverions pas vos propres pratiques
hideuses nous aussi si nous étions dans votre lit pour vous voir à
l'oeuvre? Est-ce que les pratiques sexuelles de Monsieur DSK le rendent
moins apte à être un bon père ? Savez-vous ce que fait votre
voisin sous sa couette ? Votre regard changerait-il sur la personne
qu'il est si vous découvriez ses pratiques sexuelles ?
Il est bien là le point le plus
violent pour ses personnes là, le point où un sujet d'actualité
frôle l'indécence, le point le plus révoltant quand même vos
proches s'abaissent à ce raisonnement là. Depuis quand sommes-nous
des individus purement naturels ? Depuis le temps des cavernes, ne sommes-nous pas devenus des êtres
culturels dans cette société ?
Ceux qui ont manifesté dimanche
n'étaient pas pour la plupart ce genre de personnes, celles qui se
demandent légitimement si "l'équilibre de l'enfant sera perturbé" avec
deux parents du même sexe. Ce ne seront pas non plus ces psychologues, ces pédiatres qui ont
déjà rencontrés des enfants issus de familles homosexuelles
aussi "équilibrés" que ceux isssus de familles
monoparentales, de parents divorcés ou de familles recomposées.
Non.
La majorité, à l'exemple de ce
manifestant interrogé par les caméras dira " Nous ne
sommes pas homophobes, les homosexuels sont acceptés, ils font ce
qu'ils veulent de leur côté mais il ne faut pas trop nous en
demander". Cette éloquente
phrase renferme à elle seule le rejet et la mise à l'écart "l'air
de rien" dont sont victimes les homosexuels et la
non-acceptation de leurs droits et de leur égalité face aux
hétérosexuels.Nous vous tolérons mais restez dans l'ombre, restez cachez comme si vous deviez avoir honte de cela et ne nous en demandez pas davantage, c'est déjà bien assez (...).
Cette banalisation dissimule tellement de ressentiment et de colère que la médiatisation et le débat auront au moins permit peut être à des gens de s'interroger ou, par chance, d'être au moins interpellé ou ébranler par un témoignage, une interview, un visage. Car le visage de l'homosexualité c'est tout le monde, c'est l'acceptation de l'autre et de sa différence, c'est la tolérance et le respect.
Le visage de l'homosexualité est celui que nous lui donnons.
Alors
oui, c'est un débat qui mérite d'être traité et oui, la boîte de
Pandore doit être ouverte car elle renferme toute une population qui
souffre de ce rejet, de cette inconsidération pour la personne
qu'ils sont simplement réduite à leur sexe et ce qu'ils en font.Il y a des couples homosexuels qui aiment leurs enfants avec
une conscience pour leur avenir et leur épanouissement aussi bien, si ce n'est mieux, que beaucoup de couples hétérosexuels parce qu'ils se seront remit et encore remit en question sur la parentalité bien plus que la plupart des parents hétérosexuels.
Mais surtout parce
qu'il y a des conséquences dramatiques quand vous partagez votre
vie depuis deux décennies avec quelqu'un (à l'image de la
remarquable réalisatrice et actrice Jodie Foster) et que lors de la
disparition de l'un, le code civil ne vous permets pas, équitablement, avec les mêmes droits qu'un hétérosexuel de léguer les biens
que vous avez partagés ou les enfants que vous avez élevé ensemble.
Il est
temps que l'hypocrisie cesse et que l'ignorance ne prenne pas le pas
sur la justice, la tolérance mais surtout l'intelligence. Elevons au moins le débat. Nous ne
sommes plus à l'âge de pierre et nos modes de vies ont changés. Il y a des combats à mener pour le bien de nos enfants, des questions à poser à "Mme l'éthique" comme l'a dit notre cher président dans sa dernière allocution mais en acceptant l'existence de l'homosexualité comme un amour à part entière. Et si tout ce tapage est utile pour qu'il soit reconnu et que beaucoup ne se sente pas dénigrés et rejetés, je suis fière d'y contribuer.
Nous travaillons jour après jour pour devenir
de meilleurs frères et soeurs, de meilleures personnes, de meilleur parent alors qui peut prétendre être le parent idéal ? Arrêtons de juger ces individus de façon si indécente et ne perdons pas de vue que derrière ses
couples et ce combat, il y a surtout des gens et de l'amour.
Avec un grand H.
Une représentation de l’homosexualité dans la Grèce Antique
"Certaines idéologies font fausse
route en pensant que telle sexualité est supérieure ou inférieure à une
autre : on pourrait même affirmer que toutes les sexualités se valent,
étant donné qu’elles sont, historiquement, étroitement liées les unes
aux autres. Cela est peut-être encore mal accepté en ce début de XXIème
siècle…" *
*
Source
sur TF1 News : L'homosexualité
et l'homoparentalité en chiffres)
* http://www.revue-ganymede.fr/platon-et-le-paradoxe/
