Les beaux jours...
Quand ils arrivent c'est toute mon adolescence qui me revient en pleine figure ou plutôt...par petites touches.
Il y a bien sûr le doux chant des pious pious qui se fait plus intense de jour en jour. On les voit voleter et se poser sur les arbres ou sous les tuiles des toits s'activer consciencieusement avec une énergie et une impatience contenue toute la saison d'hiver.Visuellement, le paysage se transforme,prend forme, on le scrute avec attention au volant quand on traverse les grandes étendues de vignes dont les feuilles nous avaient déjà fascinés à l'automne devenant orangé, rouge vif puis jaune d'or avant de tomber. Les branches s'intensifient et se parent de feuilles bien vertes et les premiers bourgeons apportent les touches de couleurs qui s'épanouiront au cours des semaines suivantes. C'est un éternel recommencement, qu'on accueille toujours avec le même empressement, la même excitation chaque année. Un émerveillement.
Il y a un parfum d'adolescence dans ses changements. Je repense à l'arrivée des grandes vacances, les parties de football dans le lotissement avec tous les voisins, les regards en coins échangés avec LE garçon qui alimenteront les 3/4 des conversations avec la copine. Le soleil qui ne se couche jamais car même si la lumière n'est plus après 22h, la chaleur elle, reste. Je me souviens de ce sentiment de liberté, cette pluie chaude les soirs de canicule, ses sursauts de tonnerre, ses éclairs de couleurs , les longues heures de rêverie jusqu'au bout de la nuit le casque du baladeur vissé sur les oreilles persuadé que cette chanson que j'écoute et réécoute à cet instant résume à la perfection ce que je ressens dans mon coeur d'adolescente...
Et pourquoi personne ne le perçois? Et ces moments toujours trop courts à faire connaissance en discutant encore et encore dans les villas inachevées et les ruisseaux comme autant de labyrinthes dans lesquels on aimerait se perdre à jamais avec ses amis comme seul repère, les parents qui ne comprennent rien à nos rêves et nos espoirs, les virées entre potes et ce sentiment d'invincibilité, mes bras qui enlacent son torse cheveux aux vents sur sa bécane.... Il pourrait m'emmener au bout du monde, je ne protesterais pas...Lui.Lui, il me comprend.
"Profites, profites !! 16 ans est le plus bel âge dans une vie !" n'arrêtions pas de nous dire...
Mais ça, on ne le comprends vraiment que quand c'est finit...
A chaque été qui s'éveille, il me revient parfois dans des embruns magiques ce doux sentiment d'insouciance enfantine:
"Un jour, bientôt, ma vie sera grande et belle, je serais libre comme l'air de l'été qui revient...."